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Les Dimensions du Mensonge


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		Les Dimensions du Mensonge
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		À qui peut-on mentir? On peut mentir à Dieu, au prochain et à soi-même. Le mensonge a ainsi trois dimensions : une dimension divine, une dimension sociale, une dimension intérieure.
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		Sa dimension divine
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		On ment à Dieu, lorsque les actes qu'on fait sont en contradiction avec les convictions de foi qu'on professe avoir. Alors, l'image de perfection qu'on soigne et qu'on projette est loin de correspondre à la réalité. Ainsi l'apôtre Jean affirme que celui qui dit connaître Dieu et n'observe pas ses commandements est un menteur (1 Jean 2, 4). Le commandement qui doit pardessus tout orienter notre agir étant celui de la charité, saint Jean dit encore : "Si quelqu'un dit : « j'aime Dieu » et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur" ( 1 Jean 4, 28).
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		Ananie et Saphire, en mentant aux apôtres au sujet de la somme réalisée par la vente de leur champ et offerte en don à la communauté chrétienne, mentirent non à des hommes mais à Dieu, comme le leur reprocha fortement saint Pierre : "Ananie, pourquoi Satan a-t-il envahi ton cœur, pour que tu mentes à l'Esprit Saint et que tu retiennes sur le prix du champ? Est-ce que, non vendu, il ne restait pas tien, et vendu, ne se trouvait-il pas à ta libre disposition? Comment as-tu imaginé pareille chose? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu". (Actes 5, 3-5). Au plan de la religion, c'est-à-dire de la relation qu'on prétend avoir avec Dieu, combien de vies sont de grands mensonges ! Que de promesses et que de prières faites à Dieu sont des mensonges, parce que le cœur n'y est pas !
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		Sa dimension sociale
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		Lorsqu'on a dans le cœur aucune crainte de Dieu, c'est-à-dire qu'on se comporte comme si Dieu n'existait pas, on ne peut pas ne pas mentir à son prochain, en le trompant de toutes sortes de manières, et parfois avec une audace incroyable. A partir de l'âge de raison, même chez les croyants, le mensonge demeure toujours une tentation fréquente. Voilà pourquoi, toute formation morale authentique enseigne aux enfants à ne pas mentir; et elle enseigne à tous que les fondements essentiels de toute vie sociale sont la vérité, la justice et la charité et que ces fondements sont ébranlés par le mensonge. Avec le mensonge, comment peut-on construire une société juste et paisible?
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		Sa dimension intérieure
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		Chaque fois que nous mentons aux autres, nous nous mentons aussi à nous-mêmes. Le menteur devient tellement entortillé dans ses propres mensonges qu'il en arrive à croire qu'ils sont vrais. C'est pourquoi la sainte Écriture affirme que "l'iniquité s'est mentie à elle-même". (Ps 26, 12). Cela s'explique par le fait que le mensonge extérieur suppose toujours un mensonge intérieur que l'esprit se dit à lui-même.
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		Le mensonge intérieur est favorisé par tous les sentiments négatifs qui mettent l'esprit dans une disposition contraire à la vérité. La méfiance vis-à-vis des personnes, le soupçon, le doute systématique, les préjugés, les pressions de toutes sortes portent l'esprit à se mentir à lui-même. Mais, par-dessus tout les attachements désordonnés de la volonté.
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		L'esprit qui a des dispositions négatives concernant tel ou tel objet, telle ou telle personne, se convainc facilement qu'il en est dans la réalité selon ses dispositions. Chacun voit avec son propre regard. Si le regard n'est pas lumineux, s'il n'est pas simple, s'il est double, s'il est opaque, c'est-à-dire embarrassé par des images intérieures négatives, il sera impossible de voir les choses ou les personnes telles qu'elles sont. Les images intérieures négatives cherchent constamment à se justifier, et ce besoin de justification de ses mauvaises dispositions intérieures peut aller jusqu'à altérer la perception de la réalité, et à imaginer des choses, des actions ou des situations qui ne sont pas. Par exemple, parce que j'ai de très forts doutes vis-à-vis de telle personne, il me semble que je l'ai vue faire telle action. Mon esprit, dans sa disposition négative, se mentant à lui-même, peut passer insensiblement de "il me semble" à "j'en ai la certitude".
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		Le mensonge intérieur qui naît d'attachements désordonnés, comme dans les dépendances affectives ou les dépendances à des substances nocives, est une conséquence d'un refus de la volonté d'agir selon les exigences de la raison, plus ou moins clairement perçues. Si j'admets avoir cette dépendance, source de désordres déplorables, la raison ne peut me faire aussitôt que l'obligation de m'en libérer. Comme je veux, en fait, conserver cette dépendance, je me dis intérieurement que je ne l'ai pas, que ma façon d'agir répond à un besoin naturel et je trouve mille raisons pour justifier mon comportement. Je nie ce qu'il en est réellement et cette négation de la vérité par mode de déni, c'est-à-dire de refus de la reconnaître est proprement un mensonge.
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		Aucun vice ne pourrait se développer en nous, s'il n'était ainsi nourri par le mensonge qu'on se dit intérieurement. On ne veut pas reconnaître le vice qu'on a, parce qu'on ne veut pas changer, parce qu'on ne veut pas s'en défaire. Par le mensonge du déni, qui nourrit le vice en nous, on fait beaucoup de mal à son âme; on blesse son âme plus que par le vice lui-même. Reconnaissons humblement notre mal et il est déjà à moitié guéri.
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