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Texte
de
l'image
Le
scénario
de la
genèse
de la
planète
bleue
est à
revoir.
À peine
100
millions
d'années
après
sa
formation,
la terre
était
déjà
noyée
sous les
eaux,
d'où
émergeaient
les
ancêtres
des
continents.
La
preuve
en
était
cachée
au cœur
de mystérieux
cristaux
du
désert
australien.
Mais
d'où
provenait
ce
liquide
vital ?
Il
aura
suffi de
quelques
minéraux
grisâtres
à peine
plus
épais
qu'un
cheveu
trouvés
dans des
roches
de
l'ouest
de
l'Australie,
pour que
deux
équipes
de
géologues
américains.
australiens
et
anglais
parviennent
enfin à
déchiffrer
les
grandes
lignes
du
premier
chapitre
de
l'histoire
de la
terre.
Un
chapitre
qui a
commencé
au
début
de la
formation
de notre
planète,
il y a
4,56
milliards
d'années,
et qui
s'est
achevé
il y a 4
milliards
d'années
: l'ère
de l'Hadéen,
d' Adès,
le dieu
grec des
Enfers.
Un
océan
de magma
brûlant,
plongé
dans une
atmosphère
infernale
: voilà
comment
les
scientifiques
imaginaient
l'Hadéen
jusqu'à
présent,
faute
d'indices.
C'est un
tout
autre
tableau
que
dressent
aujourd'hui
l'équipe
de Stephen
Mojzsis,
chercheur
à
l'université
du
Colorado
( basée
à
Boulder
), et
celle de
Simon
Wilde,
de
l'université
Curtin (
à
Perth,
en
Australie
).
D'après
leurs
travaux,
qui ont
été
publiés
simultanément
dans la
revue
scientifique
internationale
Nature (
vol.
409. 11
janvier 2001),
il
existait
une croûte
terrestre
environ
100
millions
d'années
seulement
après
la
naissance
de la
Terre.
Plus étonnant
encore,
il
semble
qu'en
certains
endroits
cette
croûte
était
recouverte
par d'énormes
quantités
d'eau.
La Terre
s'est
donc
refroidie
bien
plus
rapidement
qu'on ne
le
pensait
jusqu'ici.
Sa température
a dû
passer
en
dessous
du seuil
des 100
°C au
moins
400
millions
d'années
plus tôt
que ne
l'estimaient
les spécialistes
de
l'histoire
de notre
planète.
Peut-être
même
abritait-elle
déjà
la
vie...
Comment
les deux
équipes
sont-elles
parvenues
à cette
vision
radicalement
nouvelle?
En récoltant
des
roches
dans les
Jack
Hills,
une zone
de la
taille
d'une
petite
ville,
située
dans
l'ouest
de
l'Australie.
C'est en
effet
l'une
des plus
anciennes
régions
du
monde, avec
le site
d'Isua,
au
Groenland.
«
Ces
matériaux
sont
aussi
vieux
que ceux
trouvés
sur la
Lune »
La
croûte
continentale
y a été
miraculeusement
épargnée
par les
mouvements
tectoniques
qui ont
englouti
plusieurs
fois
toutes les
autres
terres émergées
du globe
on y
trouve
ainsi des
roches
avoisinant
les 4
milliards
d'années.
Et dont
les géologues
ont découvert
qu'elles
renfermaient
de petites
inclusions
minérales
encore
bien plus
vieilles
qu'elles!
Ces petits
morceaux
de zircon
(des
cristaux
de
silicate
de
zirconium),
particulièrement
solides,
ont résisté
à l'érosion
qui a
emporté
leurs
roches
d'origine
et sont
restés à
la surface
de la croûte
terrestre,
puis ils
se sont
incrustés
dans les
roches
actuelles.
Ils sont
donc les
derniers témoins
de
l'enfance
de la
Terre. La
porte
d'entrée
du royaume
d'Hadès.
En
juillet
1999,
Stephen Mojzsis
part pour
les Jack Hîlls,
dans le
but de récolter
des
zircons très
anciens à
analyser.
Sur place,
il rejoint
l'Australien
Robert
Pidgeon,
de
l'université
Curtin.
Celui-ci
est un spécialiste
des
zircons :
il a réussi,
en 1996,
à mettre
la main
sur
un cristal
vieux de
4,27
milliards
d'années
-- un
record
absolu...
jusqu'à
l'an
dernier.
Quelques
semaines
plus tard,
le géochimiste
américain
retourne
à son
laboratoire
avec 230
kg de
roches
australiennes
récoltées
à la
force du
piolet. II
lui faut
alors
traiter
chimiquement
une
dizaine de
kilos de
roches
brutes
pour en
extraire
quelques
grammes de
zircons.
Afin de
dater ces
spécimens,
il utilise
un
instrument
très
sophistiqué
une
microsonde
ionique,
grâce à
laquelle
il peut
mesurer
précisément
la
quantité
de chacun
des
éléments
contenus
dans les
cristaux. Traces
de
Microcontinents
Car
les
zircons
renferment
de
l'uranium
radioactif,
qui au fil
du temps
se
désintègre
en plomb,
et ce
phénomène
permet aux
géochimistes
d'estimer
leur âge
(de la
même
façon que
les
archéologues
parviennent
à dater
les
ossements
d'après
leur
teneur en
carbone
14). Une
estimation
à moins
de 10
millions
d'années
près, ce
qui est
d'une
très
grande
précision.
Dès mars
2000,
Stephen Mojzsis
a réussi
à isoler
sept
cristaux,
dont les
âges
s'échelonnent
entre 3,9
et 4,3
milliards
d'années
! Au même
moment, un
autre
chercheur,
l'Australien
Simon
Wilde, qui
travaille
dans la
même
université
que Robert
Pîdgeon,
identifie
un zircon
issu de
roches
qu'il a
ramassées
dans les
Jack Hills
en 1983.
Son
échantillon
est
particulièrement
intéressant
: il s'est
formé
voilà 4,4
milliards
d'années.
Mojzsis et
Wilde
tiennent
dans leurs
mains les
plus vieux
minéraux
terrestres.
« L'ère
de l'Hadéen,
auparavant
inaccessible,
est
désormais
ouverte â
l'étude
scientifique,
s'enthousiasme
Stephen
Mojzsis.
Chaque
voyage aux
Jack Hills
est un peu
comme une
mission
Apollo...
sur Terre!
Nous
disposons
maintenant
de
matériaux
aussi
vieux que
ceux
trouvés
sur la
Lune : ils
vont nous
permettre
de
reconstituer
l'enfance
de notre
planète,
sans que
nous ayons
à
dépenser
des
centaines
de
millions de dollars
pour
envoyer
des sondes
dans
l'espace !
»
Ces
zircons de
4,3 et 4,4
milliards
d'années
sont les
vestiges
des
premiers
granits
dans
lesquels
ils ont
cristallisé.
Leur seule
existence
indique
qu'il y
avait
déjà des
roches
solides à
cette
époque,
et donc
une
croûte
terrestre.
Toutefois,
selon
Etienne
Deloule,
chercheur
au centre
de
recherches
pétrographiques
et
géochimiques
de
Nancy,
« rien ne
permet
d'affirmer
qu'il y avait
déjà de
vrais
continents.
Il
existait
probablement
des micro continents,
des
morceaux
de croûte
de 100 ou
500 km de
côté et
de
quelques
kilomètres
d'épaisseur
qui
flottaient
vraisemblablement
au-dessus
du magma
».
S'il y avait
déjà une
croûte
solidifiée
sur Terre
voilà 4,4
milliards
d'années,
une
question
vient immédiatement
à
l'esprit :
y avait-il
aussi de
l'eau?
Pour y
répondre,
Stéphen
Mojzsis et
Simon
Wilde ont
utilisé
une
nouvelle
fois leur
microsonde
ionique et
ont
analysé
l'oxygène
contenu
dans leurs
zircons.
Plus
précisément,
ils ont
évalué
les
quantités
respectives
de deux de
ses
isotopes,
l'oxygène
16 et
l'oxygène
18. A
l'état
naturel,
l'oxygène
peut en
effet se
présenter
sous
plusieurs
formes, ou
isotopes :
l'oxygène
16 ,
le plus
commun
(99,7 %),
qui
contient
16
neutrons
dans son
noyau,
l'oxygène
17
et
l'oxygène
18 ,
plus
rares, qui
contiennent
respectivement
17 et 18
neutrons.
Dans le
manteau
terrestre,
le rapport
/
n'a
pratiquement
pas varié
depuis la
naissance
de la
Terre, et
il est
parfaitement
connu des
géochimistes.
Si les
anciens
zircons se
sont
constitués
dans le
manteau,
et n'ont
donc
jamais
été en
contact
avec de
l'eau lors
de leur
formation,
alors ils
doivent
présenter
rigoureusement
le même
rapport
/
que le
manteau.
Les roches
d'origine
ont
échangé
de
l'oxygène
avec de
grands
réservoirs
d'eau
Or
les deux
équipes
ont
trouvé
dans les
cristaux
plusieurs
rapports /
,tous
très
différents
de celui
du
manteau.
Conclusion
: tandis
qu'ils se
formaient,
les
zircons
ont
échangé
de
l'oxygène
avec un
élément
qui ne
peut
guère
être
autre
chose
que... de
l'eau.
Non pas de
la glace,
ni même
de la
vapeur
d'eau,
dont les
interactions
avec les
roches
auraient
été
négligeables,
mais bien
de l'eau
à l'état
liquide. des
rivières,
des
océans
Autrement
dit, il y
avait
déjà de
l'eau à
la surface
de la
Terre à
peine 100
millions
d'années
après sa
formation.
Des
rivières,
des lacs,
des
océans?
Les
indices
manquent
encore aux
scientifiques
pour se
prononcer
définitivement.
« La
seule
chose que
nous
pouvons
dire
aujourd'hui
est que
cette eau
était
présente
en grande
quantité,
déclare
Étienne
Deloule.
Les roches
étant
constituées
d'environ
50%
d'oxygène,
si la
composition
isotopique
de
l'oxygène
a varié
de façon
notable
dans les
zircons,
alors
leurs
roches
d'origine
ont connu
d'abondants
échanges
avec de
grands
réservoirs
d'eau. »
Stéphen
Mojzsis,
lui aussi,
reste
prudent :
«
Je ne
pense pas
que nous
ayons le
droit,
aujourd'hui,
d'établir
un lien
direct
entre nos
analyses
et la
présence
de vrais
océans,
car nous
n'avons
pas encore
suffisamment
de
données.
Mais je
suis
persuadé
que cela
viendra
bientôt.
»
Désormais,
Stéphen
Mojzsis et
Simon
Wilde
n'ont plus
qu'une
idée en
tête :
retourner
dans les
Jack Hills
avec
l'espoir
d'y
découvrir
non plus
des
zircons,
mais les
roches
dans
lesquelles
ils ont
cristallisé.
Ce
serait une
expérience
vraiment
fantastique
que de
tenir un
morceau de
roche
vieux de
4,3
milliards
d'années!
»,
s'exclame
Stephen
Mojzsis.
D'autant
que, si
les
géologues
possédaient
cette
précieuse
matrice
originelle,
ils
pourraient
en
analyser
les
zircons,
mais aussi
tous les
autres
minéraux.
Et ils
parviendraient
sans doute
à savoir
si, 100
millions
d'années
après sa
formation,
la Terre
possédait
déjà
toute
l'eau qui
constitue
les
océans
actuels.
A
plusieurs
milliers
de kilomètres
des Jack
Hills,
dans son
laboratoire
de Nice,
Alessandro
Morbidelli
semble
avoir
déjà
trouvé la
réponse
à cette
question.
D'après
lui,
la Terre
possédait
déjà
toute
l'eau
nécessaire
à la
genèse
des
océans
il y a
4,48
milliards
d'années,
c'est-à-dire
avant
même
qu'elle
ait fini
de se
former.
Question
de
températures
Son
raisonnement
est le
suivant :
dès lors
que la
température
était
suffisamment
basse pour
que l'eau
à l'état
liquide
existe à
la surface
de la
Terre (en
l'occurrence
il y
a
4,4
milliards
d'année,
comme
semblé le
montrer i
analyse
des zircons),
tous les
océans
pouvaient
déjà
parfaitement
exister.
Pourtant,
Alessandro
Morbidelli,
chercheur
à
l'observatoire
de la
Côte
d'Azur,
n'analyse
pas de
zircons
:
il
modélise
des
collisions
entre des
planètes
et des
astéroïdes.
Quel
rapport
avec l'eau
sur Terre?
Il y
a
4,48
milliards
d'années,
le
système
solaire
ressemblait
à un
gigantesque
jeu de
billard.
L'attraction
gravitationnelle
des
planètes
en
formation
déviait
la
trajectoire
des
astéroïdes
passant
dans leur
voisinage,
les
projetant
sur d'autres
corps.
C'est
ainsi,
d'après
les
calculs du
chercheur
niçois,
qu'un
embryon de
planète
en provenance
du
voisinage
de Jupiter
serait
tombé sur
la Terre
il y a de cela
entre 4,48
et 4,51
milliards
d'années.
Ce
planétoïde,
semblable
à une
grosse
Lune,
contenait
de l'eau
emprisonnée
dans ses
argiles,
«
beaucoup
d'eau,
précise
Alessandro
Morbidelli,
peut-être
même
plus qu'il
n'en
fallait
pour
former les
océans
». Au
cours de
sa lente
assimilation
par le
manteau
terrestre,
le
planétoïde
a cédé
toute
son eau à
notre
planète.
Cette eau
a ensuite
été
expulsée
dans
l'atmosphère
par des
volcans,
selon un
processus
appelé
"dégazage",
puis elle
est
entrée
dans
le
cycle
classique
:
précipitation,
ruissellement,
évaporation.
Ces
conclusions,
publiées
dans la
revue
spécialisée
Météoritics
and
Planetary
Science à
la fin de
l'année
dernière,
sont
venues
couronner
de longues
années de
recherches
sur
l'origine
de l'eau
terrestre.
Certes,
il y avait
bien de la
glace dans
les
poussières
initiales
qui se
sont
agglomérées
pour
former
notre
planète,
mais pas
suffisamment
pour
donner
naissance
aux
océans :
la Terre
étant
assez
proche du
Soleil,
une grande
partie de
l'eau
présente
dans sa
zone de
formation
avait
été
repoussée
au loin
par les
vents
solaires
avant
même le
début de
son
accrétion.
Convoyeurs
célestes
L'hypothèse
retenue
fut que
l'eau
terrestre
avait
été
apportée
par des
comètes :
comme
celles-ci
sont
constituées
à 80 % de
glace,
l'explication
semblait
tout à
fait
plausible...
jusqu'à
ce que la
comète de
Halley, en
1995, puis
celles de
Hale-Bopp
et de
Hyakutake,
en 1998,
passent au
voisinage
de la
Terre. Et
que les
scientifiques
étudient
alors à
distance
la
composition
isotopique
de
l'hydrogène
(l'un des
constituants
de l'eau)
présent
dans ces
comètes.
L'hydrogène
existe
sous deux
formes
isotopiques:
l'hydrogène
courant,
H, qui
compte un
seul
proton, et
l'hydrogène
lourd, que
l'on
appelle
aussi
deutérium,
D, qui
compte un
proton et
un
neutron.
Si le
rapport
D/H dans
les
comètes
avait
été le
même que
dans l'eau
terrestre,
l'origine
de nos
océans
n'aurait
plus fait
aucun
doute.
Malheureusement,
les
scientifiques
ont
constaté
que ces
rapports
étaient
différents.
Les
comètes
ne
pouvaient
donc pas,
à elles
seules,
avoir
fourni
toute
l'eau des
océans.
D'autres
candidates
sont alors
entrées
en piste :
les
météorites
provenant
de la
ceinture
d'astéroïdes
située
entre Mars
et
Jupiter.
Pourquoi
les
météorites?
Parce que,
si l'on en
croit la
surface
criblée
de la
Lune, des
météorites
se
seraient
abattues
en grand
nombre sur
toutes les
planètes
du
système
solaire
jusqu'à
il y a
environ
3,9
milliards
d'années.
Et,
d'autre
part,
parce que
le rapport
D/H dans
les
météorites
est
parfaitement
compatible
avec celui
de l'eau
de la
Terre.
Astrophysiciens
et
géochimistes
d'accord
sur
l'origine
de l'eau
En 1995,
Étienne
Deloule et
son
collègue
François
Robert,
spécialiste
des
météorites
au
laboratoire
de
minéralogie
du Muséum
national
d'histoire
naturelle,
sont
effectivement
parvenus
à
établir
que les
météorites
avaient
apporté
environ 90
% de l'eau
présente
sur notre
planète,
et les
comètes
seulement
10 %.
Toutefois,
il restait
encore un
problème
: aux yeux
des astrophysiciens,
il
paraissait
peu
probable
que de
petites
météorites,
même
nombreuses,
aient
réussi à
donner
tant d'eau
à la
Terre.
Le
Scénario
du
planétoïde
En
modélisant
différentes
sortes de
collisions
avec des
astéroïdes
de toutes
tailles,
Alessandro
Morbidelli
a enfin
trouvé
une
réponse
à ce
mystère:
la majeure
partie de
l'eau a
été
apportée
en une
fois, par
un énorme
planétoïde.
«
Aujourd'hui,
géochimistes
et
astrophysiciens
sont enfin
d'accord
sur
l'origine
de l'eau
terrestre»,
se
réjouit
François
Robert,
qui a
travaillé
sur ce
thème
avec
Alessandro
Morbidelli.
Selon le
chercheur
niçois,
le
scénario
du
planétoïde
est certes
révélateur,
mais il
présente
également
un autre
avantage :
« Il
pourrait
expliquer
la grande
disparité
entre les
planètes
telluriques,
c'est-à-dire
Mars,
Vénus,
Mercure et
la Terre.
Par
exemple,
il
pourrait
justifier
le fait
que la
Terre
possède
beaucoup
d'eau,
alors que
Vénus --
qui a
pourtant
dû être
bombardée
par autant
de petites
météorites
que notre
planète
-- n'en a
vraisemblablement
jamais
abrité
beaucoup.
»
Quant
à l'eau
contenue
dans les
météorites
et les
planétoïdes,
il
semblerait
bien
qu'elle
provienne
de
l'extérieur
du
système
solaire!
C'est en
tout cas
ce qu'ont
démontré
en 1995
Étienne
Deloule et
François
Robert,
toujours
en
s'appuyant
sur le
rapport
D/H, mais
en
comparant
cette fois
celui des
météorites
et celui
du Soleil.
L'eau
des
météorites
et des
planétoïdes
viendrait
de
l'espace
interstellaire
Or
ces
rapports
sont
complètement
différents.
L'eau que
nous
connaissons
se serait
donc
synthétisée
dans
l'espace
interstellaire,
sans doute
longtemps
avant la
formation
du
système
solaire.
Cette eau
interstellaire
a très
bien pu
entrer
dans la
formation
d'autres
systèmes
planétaires
que le
nôtre. En
outre, si
de l'eau
à l'état
liquide
était
déjà
présente
sur Terre
100
millions
d'années
seulement
après la
fin de sa
formation,
alors il
est tout
à fait
probable
qu'il y en
ait aussi
qui
ruisselle
sur
d'autres
planètes
lointaines...
Mais
revenons
un instant
aux
zircons.
Si ces
cristaux
ont connu
une
croûte
continentale
et de
l'eau
voilà
4,4
milliards
d'années,
on peut
légitimement
se
demander
s'ils
n'ont pas
côtoyé
la vie à
cette
époque
reculée.
L'eau est
en effet
un facteur
indispensable
à
l'apparition
de la vie
telle que
nous la
connaissons.
L'âge du
plus vieux
fossile
identifié
à ce jour
a été
estimé à
3,5
milliards
d'années.
Et les
plus
anciennes
traces
chimiques
attribuées
à une
forme
de vie
microbienne
(elles ont
été
trouvées
dans des
roches du
Groenland
par
Stephen Mojzsis,
en 1996)
remontent
à 3,85
milliards
d'années.
La vie a-t-elle
pu exister
sur Terre
avant
cette
date?
Stephen Mojzsis
en est
certain :
«
Nous ne
savons pas
quand ni
comment la
vie est
apparue,
mais cela
s'est
produit
pendant
l'ère de
l'Hadéen,
il y a
plus de 4
milliards
d'années.
»
Quand
la vie
apparaît-elle
?
Interrogé
sur la
même
question,
l'exobiologiste
français
André Brack,
du Centre
de
biophysique
moléculaire,
à
Orléans,
admet que
la
découverte
des
zircons
australiens
et les
indications
qu'ils
fournissent
sur la
présence
d'eau font
avancer la
date
d'apparition
possible
de la vie
sur Terre.
Néanmoins,
selon lui,
la seule
présence
d'eau
n'implique
pas
forcément
celle de
la vie :
« Tout
dépend de
la
température,
qui est,
à mes
veux, le
facteur
déterminant.
L'analyse
des
zircons montre
qu'il y
avait de
l'eau
liquide très
tôt dans
l'histoire
de notre
planète,
mais rien
ne dit que
la température
était
alors très
basse.
Elle se
situait
peut-être
aux
environs
de 100 'C,
peut-être
même un
peu au-dessus
car la
température
nécessaire
pour que
l'eau se
condense dépend
de la
pression
ambiante.
Or, tant
que la
température
ne descend
pas au-dessous
de 80 °C,
je ne
pense pas
que des
bactéries
primitives
puissent
survivre.
»
Pourtant,
aujourd'hui,
certaines
bactéries
vivent, au
fond des
océans,
près de
sources
hydrothermales
à plus de
120 °C...
« Ces
bactéries
peuvent résister
à la
chaleur grâce
à des
enzymes
particulières,
qui sont
relativement
modernes
et dont
leurs ancêtres
n'étaient
probablement
pas dotées»,
répond
André
Braok
La
vie
existait-elle
ou non
il v a
plus de
4
milliards
d'années?
Dès cet
été,
Stephen
Mojzsis
repart
dans les
Jack
Hills
pour
tenter
de
trouver
d'autres
roches
-- et
peut
être
des
traces
de vie
--
remontant
au
royaume
d'Hadès...
.
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